Comment jardiner sans pesticides ?
Comme nous l’évoquions dans notre dossier d’En Vert et Avec Vous, la création de votre jardin doit aujourd’hui prendre en compte la Loi Labbé, qui interdit l’usage de pesticides (ou produits phytopharmaceutiques de synthèses) pour traiter les plantes ou désherber. Cette interdiction, valable tant dans les jardins privés que publics ainsi que dans tous les espaces collectifs et de loisir, fait ressortir le besoin de concevoir le jardin de façon à limiter l’apparition de maladies ou de parasites. L’entretien du jardin doit donc s’anticiper dès la conception.
Pourquoi ne plus employer de pesticides ?
Les pesticides sont des produits donc les molécules ne sont pas observées à l’état naturel formulés pour lutter contre une partie du vivant, que ce soit dans le cas d’une plante adventice indésirable, de la mousse, d’insectes ou de champignons pathogènes. Ces produits sont pour la plupart rémanents dans le sol, c’est-à-dire qu’ils perdurent longtemps dans les sols, ce qui impacte également les micro-organismes présents et rend les sols inertes. D’autre part, quand ils sont employés sur les parties aériennes des plantes, ils peuvent aussi perturber la petite faune qui se nourrit de ces plantes, tuent tous les insectes qui y vivent qu’ils soient utiles (auxiliaires) ou nuisibles, et entravent donc gravement la chaîne alimentaire naturelle. La disparition de nombreux insectes utiles dont les abeilles et bourdons y est directement liée.
Ne plus employer de pesticides permet donc de laisser la vie se développer, même s’il est nécessaire d’intervenir pour l’entretien du jardin qui est un espace de nature maîtrisée.
Concevoir un jardin sans pesticides
Pour créer son jardin sans pesticides, plusieurs moyens sont à la portée de tous les jardiniers. Ils restent simples à mettre en œuvre :
- Choisir des plantes adaptées aux conditions de culture qu’on peut leur offrir. En sol poreux qui ne retient pas l’eau, on évitera donc de planter des espèces ayant besoin d’une terre qui reste humide ou fraîche. Et même si certaines obtentions horticoles promettent une meilleure résistance, les besoins primaires d’une famille de plantes doivent être respectés. Par exemple pour les hortensias, un ombrage aux moments les plus ensoleillés ainsi qu’une terre fraîche à tendance acide seront toujours de meilleures conditions qu’un sol sec, neutre ou peu calcaire et en plein soleil. Faire coïncider le type de plante avec les conditions de sol et d’exposition reste donc le moyen de garder les plantes en bonne santé.
- Privilégier les engrais naturels, comme le compost et le paillis organique, agit également dans le sens d’une bonne santé des végétaux cultivés. La chaîne naturelle de la fertilité du sol sera respectée, et les plantes se nourriront par l’intermédiaire des micro-organismes et des champignons souterrains utiles (mycorhizes) qui minéralisent la matière organique .
- Accueillir la petite faune et les insectes auxiliaires au jardin permet de lutter très efficacement contre les parasites et ravageurs des cultures. Hérissons, batraciens, oiseaux, lézards, syrphes, chrysopes et chauve-souris sont une aide précieuse du jardinier en se nourrissant des ravageurs. Plusieurs types de nichoirs peuvent se fixer un peu partout, à condition de respecter un bon dimensionnement et une bonne orientation par rapport aux vents et au soleil. En complément des tas de bois, des maisons à insectes accueilleront les insectes auxiliaires. Une petite mare attirera les batraciens.
- Accepter un peu de nature sauvage au jardin rend aussi les lieux plus résilients et l’entretien moins exigeant.
Comment faire ?
Le meilleur moyen pour désherber son jardin sans pesticides, biner ou encore contrôler la croissance végétale consiste à utiliser des outils manuels. De nombreux fabricants de matériel remettent ces outils au goût du jour avec des modèles plus ergonomiques, plus maniables avec un moindre effort, et plus efficaces en un temps moins long. Chercher le bon outil qui conviendra aux travaux à effectuer reste ainsi le premier pas à effectuer pour plus d’éco-responsabilités.
Se servir de certains produits de biocontrôle est le second moyen à la disposition des jardiniers. Ces produits sont autorisés, en particulier ceux de la lutte biologique qui emploie des phéromones, des insectes auxiliaires (coccinelles, chrysopes, syrphes) pour éliminer les ravageurs ou des bactéries (bacillus thurengiensis) dans ce même but. Ils nécessitent néanmoins des connaissances techniques que possèdent les professionnels.
Mais de nombreux produits autorisés sur le marché, comme ceux employés pour bannir la mousse des dallages, restent des biocides. Ils se révèlent donc également nocifs pour les insectes utiles et la microfaune. De grandes précautions sont à prendre dans leur usage. L’utilisation de purins végétaux « maison » doit aussi se faire avec précaution. Ceux qui renforcent les défenses immunitaires des plantes sont à privilégier (purin d’ortie, de consoude).